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Numéro 604
7 février 2009

Armand Amar - Le train II Ce jour là, j'ai mis un

Armand Amar - Le train II

 

Ce jour là, j'ai mis un pantalon noir, un t-shirt gris, et des bottes sombres. 
Peut être parce que ce jour là, il faisait froid. Il faisait gris. Il faisait sombre.

Il y a eu un dernier baiser humide en sortant de la voiture, trop vide du courage qu'il aurait voulu y puiser. 

Il y a eu l'attente dans la vieille maison du village, debout, entre les meubles d'une autre époque, inconnus mais presque familiers, et surtout la même odeur de naphtaline, mêlée de cire à bois.

Puis il y a eut un cortège silencieux, aussi noir que le ciel, plein de bras serrés, de visages fermés. Et j'ai marché dans ses pas, les yeux baissés sur le sol détrempé. 

Ce jour là, il y a eut la flamme des cierges qui s'élevait vers le plâtre du plafond, les prières et les chants que je commence même à reconnaître. 



Enfin il y eu quelques marches pleines d'eau, une bâche soulevée, des cordes que l'on tend, puis qu'on laisse glisser.
Et le froid remontait de la terre, à travers la semelle de mes bottes, gagnait mes chevilles, mes mollets, mes jambes, et tout mon être.
Et la pluie frappait mon corps à me glacer les entrailles, ruisselait dans mon cou et détrempait mon manteau noir. 

Pour rester forte, près de lui, j'ai renvoyé au loin mes souvenirs et mes vieilles blessures. Je me suis concentrée sur les images et la couleur trop vive des fleurs en plastiques recouvertes de terre, sur sa présence près de moi, pâle, lointaine, frêle
Mes cheveux étaient à tordre, mais mes yeux sont restés secs.
Et je serrais sa main glacée dans les miennes, sans oser regarder ses yeux en face. Pour ne pas voir des larmes qui me faisaient mal, des sanglots qui me blessaient, ne pas voir cette douleur (et mon impuissance à la soulager).

Ce jour là, dans la BOUE du cimetière.

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