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Numéro 604
10 octobre 2010

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Encore un petit air

 

 

J'ai la sale impression de découvrir peu à peu un avenir déjà presque tracé (comme quand on choisit de voir la carte en avance dans Age of Empire). De rentrer peu à peu dans le moule, avec mes restes de doute, de nostalgie et toujours mes milliers de souvenirs.




Tu vois, jour après jour, choix après choix, on emprunte une voie que se précise peu à peu, et s'affirme.
Et quand tu te retournes c'est trop tard, tu as fait trop de chemin. 
Pourtant je me souviens pas d'avoir fait ce choix, d'avoir dit un jour "ça y est, c'est décidé, je vais faire ça de ma vie". Et non... ce sont des petits choix, qui ont l'air de rien du tout, mais qui en s'accumulant ont effet ENORME. C'est ça qui est fourbe.


Je crois que je change.


D'abord , la radio a remplacé toutes les musiques. Même si Saez me fait encore frissonner et le piano pleurer.
Et puis, je photographie des instants avec eux, mais je crois que je ne vois plus la beauté d'un jeu de lumière sur un volet. Ou je n'ai plus la patience de Voir.

Mais y a pire.


Les crèmes et les lotions s'accumulent autour de la baignoire, les fards et les parfums envahissent les étagères de la salle de bain. Je me ronge toujours les ongles (mais ils sont oranges-roses-violets-noirs-ou rouges et je les lime après). Je ne sais plus faire la grasse matinée.

Cela fait si longtemps que je n'ai pas entendu le frottement de la toile et du cuir sur le parquet ciré. Mon corps m'est comme un peu plus étranger. J'arrive encore parfois à m'étirer en lui jusqu'au bout du bout des doigts. Mais j'oublie peu à peu le contact de ma main sur le bois, et ça n'aide pas à tenir debout.

Je ne lis plus (je travaille), je n'écris plus (mais j'aime la manière dont j'écrivais).
Je fais moins de bêtises mais celles que je fais sont PLUS GROSSES.

Je m'éloigne d'une période un peu sombre, mais plus honnête, et plus intense. Tranchante.

Tu sais

, seules les choses très très tristes et à la fois très très fortes pouvaient me serrer la gorge, me retourner le ventre, et parfois même m'arracher une larme 
(comme:
- la fin des Royaumes du Nord,
- Primo Levi, 
- ou être au coeur de la foule dans une manifestation)

Maintenant je pleure et je ris au cinéma (mais je déteste me surprendre dans ces moments là).



Est-ce que c'est triste? 
Non je ne crois pas.
C'est comme arrêter de danser, mais continuer de voir des spectacles.
C'est être heureux autrement.
Et puisque je suis convaincue que le seul sens qu'on peut donner à la vie c'est d'essayer d'être heureux (et de rendre heureux les gens qu'on aime aussi), alors pourquoi pas?
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