Je pense à lui quand je les vois sur le bord de la route. C'est sans doute pour ça que je me suis arrêtée ce jour là. Avec un petit air dans la tête immédiatement. Celui qui parle de romarin et de rossignol.
Sa voix.
Pour le peu que je m'en souvienne.
Inventée peut être.
Je le savais pas, ça. Les coquelicots, lui, il les transformait en danseuse. Ça me suffisait.
Et un rire que j'entend encore, mais que je n'arrive pas à finir autrement que par une quinte de toux.
Sa démarche un peu courbée, les mains croisées dans le dos. Qui s'éloigne toujours de moi. C'est drôle, je ne peux le voir marcher que de dos.
On se focalise tellement sur certaines images qu'on en oublie le reste.
Il faudra que j'essai les gitanes une fois.
Comme du temps où ça ne tuait pas.
Pour quelques mois du moins : c'est que ça tue maintenant.Alors ça attendra.
Faudra que je retrouve cette odeur quand même. Une odeur dans un paquet bleu.
Les odeurs rappellent tellement de souvenirs, plus que les coquelicots, que la musique même.
Comme l'odeur de la sciure, celle du vernis à bois, de l'essence de térébenthine avec la peinture à huile. Des violettes.
Ça sent rien le coquelicot je crois.
Mais ça fait des champs magnifiques.
Des champs de frêles silhouettes en jupons rouge.